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22/07/2010

Il en va de notre avenir : les retraites.

Article d'alternatives économiques :

http://www.alternatives-economiques.fr/retraites---il-en-...

En ajoutant des mesures injustes à un système complexe et illisible, la réforme est loin de pouvoir rassurer les Français sur l'avenir à moyen terme des retraites par répartition.

La contestation du projet de réforme des retraites est légitime et compréhensible. Rappellons les mesures clefs

proposées par le gouvernement : l'âge minimal de départ devrait être porté à 62 ans en 2018 ; l'âge auquel on a droit à une retraite à taux plein même sans avoir cotisé suffisamment serait porté, lui, à 67 ans ; enfin, la durée minimale de cotisation serait prolongée à 41,5 ans en 2020.

Ces mesures posent de nombreux problèmes. Repousser l'âge minimal de départ touche tout d'abord au premier chef les personnes qui ont commencé à travailler très tôt. Or, celles-ci connaissent souvent des conditions de travail difficiles et ont une espérance de vie inférieure à la moyenne. Certes, un dispositif devrait permettre à ceux qui ont commencé à travailler à 16 ans de partir à 60 ans, mais cela leur impose quand même une durée de cotisation de 44 ans, très supérieure aux autres. Quant au report à 67 ans de l'âge donnant accès au taux plein, cette mesure touche surtout les femmes qui ont fréquemment des carrières à trous.

La priorité donnée au recul rapide de l'âge de départ en retraite est de toute façon très problématique au moment où le chômage atteint de nouveau des sommets, avec 4,5 millions de personnes inscrites à Pôle emploi en avril dernier, soit un million de plus qu'en 2008. En effet, ces mesures pèseront négativement sur un marché du travail très déprimé.

Le recul des âges de départ devrait permettre d'économiser 20 milliards d'euros en 2020. Le projet de réforme prévoit aussi une hausse du taux de cotisations retraite des fonctionnaires de 7,85 % aujourd'hui à 10,55 % en 2020. Cet alignement sur le privé n'est pas choquant en lui-même mais, combiné aux pertes de pouvoir d'achat passées et aux perspectives d'austérité salariale pour les mois qui viennent, il concourt à démotiver des agents auxquels on avait promis pourtant de meilleures rémunérations en échange de la réforme de l'Etat.

Les revenus des plus aisés devraient également être taxés via une hausse d'un point du taux marginal de l'impôt sur le revenu, de 40 % à 41 %. Recettes supplémentaires : 230 millions d'euros en 2011 (0,01 % du PIB). D'autres mesures plus substantielles sont cependant prévues sur certains revenus du capital à hauteur de 1,5 milliard d'euros. Les allégements de cotisation consentis aux entreprises devraient aussi être rognés de deux milliards d'euros. Une mesure qui risque de peser sur les évolutions salariales du privé au cours des prochains mois. Enfin, le Fonds de réserve des retraites sera mobilisé sans attendre 2020 comme prévu lors de sa création en 1999.

En préservant un système complexe et illisible, en prévoyant des mesures injustes, et en ne recherchant pas un large consensus, cette réforme est loin de pouvoir rassurer les Français sur l'avenir à moyen terme des retraites par répartition…

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