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27/11/2009

La place de nos ainés dans la société

Ci-dessous, pour information, copie d'un courriel relatif au "débat national" annoncé pour le printemps prochain par le secrétariat d'Etat aux Aînés sur le thème de "la place de nos aînés dans la société" (rappelons qu'il y aura aussi, en 2010, un débat sur la réforme des retraites dont on a appris, récemment, qu'il aurait lieu après les élections régionales).

Le document en pièce jointe (6 pages au format PDF) est un bon condensé des thèses de l'IAB. Il a été publié en 1999, à l'occasion de l'"année internationale des personnes âgées", mais n'a pratiquement pas "vieilli" depuis ... iab_1999_touslesages.PDF

Bien à vous.
Jean-PIerre Busnel - jpabusnel@wanadoo.fr Président de l'Institut André Busnel
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Cher adhérent et ami,

Je prends connaissance de votre aimable courrier à mon retour de Paris. Merci vivement à vous pour cette communication du texte de l'interview du docteur Nora Berra, ancienne députée européenne, nouvelle secrétaire d'Etat aux Aînés (Le Quotidien du médecin du 20 novembre). Cette dame va donc "lancer une grande concertation sur la place de nos aînés dans la société." J'étais au courant, car cela a été annoncé il y a quelques semaines, au moment de la publication (en septembre-octobre) de statistiques sur les suicides mettant notamment l'accent sur ceux des plus âgés (voir L'e-journal de l'iab n° 149).

Des secrétaires d'Etat aux personnes âgées, il y en a eu beaucoup depuis une trentaine d'années. Ils ont tous plus ou moins dit la même chose, comme Mme Berra aujourd'hui (du genre : "les personnes âgées sont une chance pour la société et non une charge"). Très bien, c'est ce que répète l'IAB depuis une vingtaine d'années. Mais il est bien connu que les ministres et secrétaires d'Etat passent, tandis que les problèmes tendent à demeurer. Il y a eu, également, beaucoup de débats du type de celui dont parle cette dame, y compris dans un cadre européen et même mondial. Ainsi, tout le monde, ou à peu près, l'aura oublié, il y a eu un grand tapage, initié par l'ONU, il y a très exactement dix ans, en 1999, "année internationale des personnes âgées", autour du joli thème d'"une société pour tous les âges". De nombreux débats et communications furent menés en France à ce propos. L'un des plus intéressants portait sur  "la place des retraités dans une France solidaire et citoyenne." Excellent programme, ce n'est pas Mme Nora qui dira le contraire ! L'IAB y avait alors apporté une contribution spécifique en répondant à un questionnaire ad hoc. Je ne pense pas que vous ayez eu connaissance de ce texte. Vous le trouverez donc, pour mémoire, en pièce jointe (6 pages au format PDF). Vous m'obligeriez en lui consacrant quelques minutes de votre temps. A mon avis, il n'a nullement vieilli. Il est même plus que jamais d'actualité. Quelle suite a été donnée à notre contribution d'alors ? Comme toujours dans ces cas-là, les idées que l'on peut émettre se perdent, s'enlisent dans le tumulte politico-médiatique et la multitude des avis exprimés, divergents sinon totalement opposés. Avec les résultats que l'on sait. Sans compter que les "débats nationaux" sur les innombrables "problèmes de société", de toutes sortes, se suivent maintenant à un rythme accéléré dans une France en chantier permanent,  en proie au doute, où tout est sans cesse remis en cause.

J'ai lu le texte de l'interview de Mme Berra. A l'entendre, l'Etat, au moins sur la période récente (celle du pouvoir en place), n'a en rien manqué à sa mission dans les domaines abordés par elle. On ne saurait lui reprocher quoi que ce soit. Il ne pouvait pas faire mieux. Ce n'est évidemment pas l'avis des professionnels concernés et de bien d'autres observateurs, il s'en faut de beaucoup. Je n'ai pas besoin de rappeler ici que ce n'est certes pas le mien non plus. Il s'agit de propos (classiques) typiquement politiques, comme j'en ai lu ou entendu bien d'autres. "Je considère que les aînés sont les personnes qui ont achevé une carrière professionnelle et qui entament un nouveau projet de vie" dit Mme Berra. C'est confondre aînés et retraités. C'est d'autant plus curieux que la secrétaire d'Etat dit préférer user du mot "aîné" pour désigner une personnes âgée (une très bonne idée, d'ailleurs, comme celle qui consiste à ne pas parler de "seniors", un concept flou, mis désormais à toutes les sauces, popularisé par les milieux commerciaux). Car il est des retraités, des préretraités ou des exclus à jamais du monde du travail qui sont de très jeunes quinquagénaires. On ne saurait bien évidemment les considérer comme des personnes âgées dans le contexte démographique actuel (une fille née aujourd'hui a une chance sur d'eux, dit-on, de devenir centenaire). A croire que la secrétaire d'Etat n'est pas bien au courant du sort trop souvent réservé aux salariés de plus de 50 ans, en France tout particulièrement, thème (les trop fameuses "mesures d'âge") auquel, vous le savez bien, l'IAB a consacré de multiples publications depuis sa création. J'ai aussi remarqué que le mot de "discrimination" n'avait pas été prononcé par la secrétaire d'Etat, pas plus, d'ailleurs, que celui de "retraité" ...

Comme tous les "politiques", Mme Berra laisse à penser qu'il y a une solution étatique (ou politique) aux problèmes énoncés (ceci alors même que l'Etat moderne, criblé de dettes appelées à croître longtemps encore dans le désastreux contexte économique actuel, n'a jamais été aussi affaibli - voire impuissant - qu'à l'heure de la mondialisation néolibérale). C'est, par exemple, ce que l'on nous a dit tout au long de la semaine qui vient de s'achever à propos du dossier dit des "femmes battues" (on n'imaginait certainement pas, dans une société démocratique "libérale avancée", dédiée aux droits de l'homme depuis des décennies, dotée d'un impressionnant arsenal juridique affecté à la protection des individus, transformée par de spectaculaires récentes conquêtes féministes, qu'il y eût encore autant de "femmes battues", en France, en l'an de grâce 2009 ...). C'est probablement faux, car la très lourde problématique en cause, celle du vieillissement, est fondamentalement de nature culturelle. Elle relèverait, en fait, sans doute, bien d'avantage de la religion que de la politique. Mais ceci est une tout autre histoire ...

 

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