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17/03/2010

L'ostracisme et son effet sur le psychisme

Témoignage extrait de "Quinquas les parias" de l’emploi d’Alain Vincenot, éditions Belfond

Jean-Luc p85

« Tant que vous n'avez pas connu cette terrible culbute, vous n'imaginez pas les destructions qu'elle provoque. C'est blessant de ne recevoir aucune réponse. Vous vous sentez humilier. Parfois, je vois un dossier retraçant mon expérience professionnelle, que j'accommode selon les informations récoltées sur l'entreprise et ses besoins. Personne ne le lit. Quel silence méprisant ! Vous finissez par douter de vous-même, par vous déprécier. C'est pire qu'un échec. Un échec conclut généralement la perte d'un combat. Là, on ne vous accorde même pas la possibilité de lutter. On nie votre existence. On ne vous dit pas que vous êtes trop vieux ou pas assez compétent. On ne vous dit rien. On vous ignore. Vous êtes dans le néant. Au mieux on vous concède une réponse standard, avec remerciements pour votre attention portée à l'entreprise et formule stéréotypée sur l'intérêt de votre candidature. La culpabilité, toujours elle vous ronge de plus en plus. Vous vous reprochez de ne pas avoir su composer avec votre ancien employeur, de ne pas avoir fait preuve d'assez de souplesse, d'avoir tout faux. »

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« C'est peut-être machiste, mais je considère que l'homme est programmé pour nourrir son foyer. Ma femme a beau me dire que, le soir, quand elle rentre de l'école, elle aime me voir à la maison (ce dont mes journées surchargées la privaient auparavant), mon inutilité me pèse. Certaines nuits, je n’en dors pas. Le matin, je suis encore en pyjama quand elle part travailler. La décadence. Et j'envisage cette extrémité : si je disparaissais, personne n'assisterait à ma déchéance. Devant une douleur trop cruelle la tentation est grande de l'extirper une fois pour toutes. Je sais que je dispose de cette ultime solution. Je sais aussi que je n’infligerai pas ça à ma famille. »