Veolia et EDF et retraite chapeau

Le conflit d'intérêt est la cause de l'affaire HenriProglio. Il faut savoir que le mélange des genres est habituel en France et que cette affaire ne pourrait avoir lieu dans aucun autre pays d'Europe.

En dehors des liens "affectifs" de Henri Proglio envers Veolia [il a fait toute sa carrière chez Générale des Eaux/Veolia], il s'agirait tout bonnement d'une affaire de gros sous. Henri Proglio doit bénéficier d'une retraite chapeau de plus d'un million d'euros, parait-il. Difficile de savoir exactement vue l'opacité qui entoure ce genre de choses en France.
Normalement, une retraite chapeau ne peut être touchée que si le bénéficiaire est en poste au moment de la liquidation de sa retraite. Rappelons que la retraite chapeau d'un million d'euros consiste à compléter la retraite "normale" à hauteur d'un million d'euros. Par exemple, si la retraite s'élève à 250 000 euros annuels, la compagnie d'assurances complètera par 750 000 euros. C'est certainement pour cette raison que des membres du gouvernement disent que la double casquette est une situation provisoire.

450 000 euros par an pour une heure par jour de travail (dixit Henri Proglio), c'est pratiquement plus de 2 000 euros par heure de travail !
La justification donnée est qu'il s'agit d'une fonction non-exécutive qui ne prend pas beaucoup de temps.

D'un point de vue personnel, quelle peut être la motivation d'une personne qui travaille dans un groupe depuis 1972 de le quitter à 60 ans ?

Le cas Proglio n'est pas différent des autres patrons comme Louis Schweitzer qui sont devenus président du conseil de surveillance jusqu'à l'âge légal de la retraite. Lorsqu'ils sont à la retraite et qu'ils quittent leurs fonctions, l'entreprise revient à la formule classique française du président directeur général qui cumule la fonction de président du conseil d'administration et la direction générale exécutive. La question à poser est peut-être : quand Henri Proglio pourra-t-il toucher sa retraite chapeau ?

Une réponse facile et évidente à la situation présente : Henri Proglio reste à Veolia et une autre personne compétente et connaissant EDF est nommée à la tête d'EDF comme c'est souvent le cas dans les autres pays d'Europe.

Cette affaire pose de nombreuses questions : un patron du privé vaut-il plus qu'un patron du public ou inversement ? EDF et la France en général manquent-elles de personnes compétentes et qualifiées ? Veolia mérite-t-elle seulement une heure par jour d'attention de la part d'Henri Proglio ? Quand en France seront mises en place des mesures transparentes et claires pour lutter contre les conflits d'intérêt ? Les patrons et directeurs à hauts revenus sont-ils dans l'incapacité à épargner pour leur retraite ? Question à un super-patron : comment vivrait-il avec un SMIC et demi par mois ?

Deux choses sont sûres :

1. contrairement à tout ce qui est dit, il n'y a pas de marché international des patrons. Il est bien connu à l'étranger qu'un "grand" patron français n'est grand que par le contexte particulier de la France où grandes entreprises et pouvoir public entretiennent des liens pas toujours transparents et clairs entre public (le bien commun) et le privé (intérêts des actionnaires).
2. d'une façon générale, avant de réguler et de légiférer, les Français et la France ont besoin de TRANSPARENCE.

Une proposition : la suppression des retraites chapeaux ou leur généralisation à tous les collaborateurs de l'entreprise suivant les mêmes conditions que la direction.